La Terreur du monde - Robert Guiscard et la conquête normande en Italie by Taviani-Carozzi

La Terreur du monde - Robert Guiscard et la conquête normande en Italie by Taviani-Carozzi

Auteur:Taviani-Carozzi
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard


D'après Geoffroi donc, Robert aurait disposé les navires, venus de Calabre, de part et d'autre du promontoire urbain, en une sorte de demi-cercle, pour empêcher les navires de Bari de gagner la haute mer, mais aussi pour empêcher les navires grecs d'apporter de nouveaux renforts. Deux ponts mobiles auraient en outre été construits à chaque extrémité du dispositif pour permettre aux troupes normandes de terre de se porter au secours des forces navales, en cas de sortie forcée des hommes de Bari. Or une étude récente de cette tactique fait justement remarquer que ce front de navires aurait mesuré plus d'un kilomètre et demi, nécessitant un nombre considérable d'embarcations, et qu'il était en outre difficilement réalisable de les arrimer solidement les unes aux autres en pleine mer. Les Annales de Loup Protospathaire, qui situent le blocus maritime en 1071, se bornent à dire que « le duc fit un pont dans la mer pour fermer le port de la dite ville de Bari », et Guillaume de Pouille, après avoir dit que Robert «remplit la mer de navires », ajoute qu'« il aménagea pour les siens un port et un pont, fortifiant le pont par une tour, et empêchant ainsi les citadins de quitter leur ville. La flotte normande, à l'abri, gardait le port » [II, 522-527]. À lire ces deux derniers témoignages, il apparaît donc que seul le port, situé au sud-ouest du promontoire, fut bloqué par la chaîne de navires calabrais, ce qui, tactiquement, semble plus réalisable sans toutefois avoir été pleinement efficace : « Les citoyens prirent la tour et, sous leurs coups, la plus grande partie du pont maritime céda », conclut Guillaume.

Pour assiéger Bari du côté de la mer et bloquer le port, les Normands avaient donc mis à profit la science de leurs recrues calabraises, d'origine grecque, qui elles-mêmes l'avaient acquise au contact des Byzantins. Aux IXe et Xe siècles, Byzance et Thessalonique, pour ne citer que les deux plus importantes cités maritimes de l'empire, avaient subi plusieurs attaques du côté de la mer, et les nombreux traités militaires composés au Xe siècle multipliaient les conseils sur la tactique à suivre en cas de siège maritime, de la part des assiégeants et des assiégés. Certes, nous le savons, ces traités étaient émaillés de réminiscences de l'Antiquité et, en matière de siège, le récit de celui de Syracuse (213-212 av. J.-C.) par l'historien Polybe restait une référence. Mais la pratique était tout aussi riche d'enseignement. L'utilisation de bateaux jumelés pourvus de machines d'escalade était bien connue des Grecs mais, au cours des premiers siècles du Moyen ge, leurs adversaires, bulgares entre autres, employèrent les mêmes moyens pour faire le siège de Byzance ou de Thessalonique. À Bari, assiégeants et assiégés maîtrisaient donc également, grâce à la présence de Calabrais dans les forces normandes, les mêmes moyens d'attaque et de défense sur mer. Et sur la terre ferme, les uns et les autres étaient bien aguerris à la tactique du siège. Comme il arrivait souvent dans ce type d'affrontement, le siège allait durer longtemps.



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